Il faisait bon de retrouver Eartanera après ces mois passés à la capitale. Braelyn avait encore le cœur lourd alors que son regard parcourait les colines et les forêt d'un vert transcendant et que son esprit ne cesser d'essayer de la ramener à Dragondale. Les attentats du festival persistaient à revenir la hanter, chaque minute de chaque heure. Mais être de retour sur les terres qui l'avaient vu grandir parvenaient tout de même à l'apaiser. Elle n'avait pas encore passé une journée entière à Biogeriha qu'elle s'était déjà mise en route pour Greenstall, suivie par Darius. Elle n'avait qu'une seule idée en tête : s'assurer qu'Adonis allait bien. Il y avait bien longtemps que les deux jeunes Eartaneriens n'avaient pas eu de véritable conversation, mis à part les mots échangés aux funérailles d'Isaiah, et les récents évènements auxquels s'étaient rajouté la condition inquiétante d'Andrei lui avait fait se dire qu'elle lui devait une petite visite. Elle s'était empressée d'envoyer une lettre pour prévenir de sa visite, préférant évidemment se présenter annoncée.  On l'avait guidée à travers des couloirs qu'elle n'avait que très rarement arpentés, mais qu'elle aurait tout de même reconnus entre mille si on lui avait bandé les yeux avant qu'elle n'y mette les pieds. Ses fins talons y claquent sans qu'elle ne puisse y faire quoique ce soit, s'arrête un instant devant des portes qu'on ouvre pour elle. Et c'est dans cette pièce qu'il se tient, aussi princier qu'à l'accoutumée, et la jeune femme ne peux retenir un léger sourire, malgré tout. Adonis. Cela me fait vraiment plaisir de te voir. Et elle en pensait chaque mot. Elle avait récemment pris conscience du nombre incalculable de gens de qui elle s'était éloignée, ainsi que du si petit nombre qui rassemblait ceux qu'elle croisait encore, et cette pensée lui était tout particulièrement insupportable. Merci de m'avoir laissée venir.

Elle hoche doucement la tête quand il l'invite à s'installer sur un des fauteuils du petit salon où Adonis la recevait, et elle s'exécute, lissant l'arrière de sa robe afin de ne pas la froisser une fois assise. Elle ne prête pas attention au geste qu'il adresse à un domestique, très peu friande de ces rappels constants de la position qu'ils occupaient. Elle lui offre un second sourire quand il parle à nouveau. Voilà un discours qu'elle savait propre à Adonis, et à son peuple dans son intégralité. Les maîtres de la Terre semblaient être les plus soudés, comme un seul organisme composé de milliers de petites cellules, respirant à l'unisson. Braelyn devait bien avouer se sentir fière d'appartenir à une nation telle que la sienne, et en particulier pour cette raison. À la question du Griffith, la jeune femme s'éclaircit la gorge, comme si elle s'apprêtait à parler pendant un certain temps - ce qui n'arrivera évidemment pas. Elle était de ces gens qui savaient faire passer suffisamment de choses en peu de mot, qui sacralisait le silence, qui savaient aller à l'essentiel sans passer par toutes ces tournures avec lesquelles la plupart des nobles semblaient vouloir s'embêter. Son dos, déjà bien droit, se tend davantage. Elle croise sa jambe droite par-dessus la gauche, lie ses dix doigts pour les poser sur ses genoux. Je voulais être certaine que tout allait bien. Simplement. Il s'agissait là de ce que Braelyn Wheatdrop savait faire de mieux : se faire du soucis, et tout faire pour s'assurer qu'il était infondé. C'était tout ce qu'elle dirait, refusant étrangement de préciser sa question - car une question trop ciblée pourrait lui permettre d'éclipser quelque détail que ce soit, et là n'était absolument pas ce que la femme d'ébène cherchait. Il semblait aller relativement bien, à première vue, et si le moindre problème occupait son esprit, alors il excellait pour le dissimuler. Elle sent la mèche de ses cheveux de jais qu'elle avait coincée derrière son oreille commencer à glisser, mais elle attendrait encore un instant avant de la dégager de son regard. Sa concentration était pour le moment vouée à Adonis, et elle voulait s'assurer qu'il savait qu'elle l'écouterait, peu importe ce qu'il aurait à lui dire.