Rayna Belikov air mutant‹ MESSAGES : 633 ‹ AVATAR : sarah stephens ‹ CRÉDITS : bleu amer - sial - dandelion
‹ AGE : trente ans, et les désillusions d'une centaine d'années ‹ STATUT : mariée à pavel, et la lourdeur des incommodités d'une vie matrimoniale sans joie ‹ SANG : argent, et les moyens d'accéder à ses désirs si seulement, si seulement ‹ POUVOIR : tornades, et de ses doigts sortirent des tempêtes furieuses. ‹ METIER : femme au foyer, et l'inactivité de ses jolies courbes sa transformation en objet d'art inerte et sans âme ‹ ALLEGEANCE : à la couronne de l'air
| Sujet: parallel lives Mer 4 Avr 2018 - 0:33 | |
| parallel lives L'aînée est à la demeure. Elle parcourt les couloirs de pierre froide, ceux qu'elle connait par coeur, où elle a gravait ses initiales avec ses frères dans un acte de conquête qu'ils ne comprenaient pas très bien à cette époque de leur vie. Quand il y avait encore assez d'innocence en eux pour croire que ces remparts les protégeraient toujours de tous et de tout. Sans savoir qu'ils ne les protégeraient jamais d'eux-mêmes, et que c'était entre eux que résidait le pire. Le pire de la souffrance, de la déception de la trahison. Né de la jalousie et de l'incompréhension. Ils grandirent ensemble, ils vieillirent séparément. C'est cette fin vers laquelle ils tendaient qu'elle voulait à tout prix éviter. Elle le voyait bien maintenant, dans une sorte de révélation tardive, le coup violent de cette lettre de son cousin qui lui avait ouvert les yeux. Brutalement parce qu’elle l’avait vu dans ses mots s’éloigner d’eux à tout jamais. Et qu’elle n’avait rien vu venir. Qu’elle n’avait pas compris. Qu’elle ne comprend toujours pas. Elle a senti alors ce lien filiale lui échapper. Devenir cendre entre ses doigts tremblant sous la forme d’un vulgaire morceau de papier résumant en quelques lignes ses angoisses cachées. Elle avait tout fait pour eux. Elle aurait tout fait pour eux. Pour être le centre incandescent de leur famille unie par delà les mots. Par le sang. Peut-être était-ce son éducation, mais elle les sentait comme vibrer en elle, tous. Dans ses veines. Une connexion entre eux et elle. C’était tout ce qui importait à un Belikov. C’était tout ce qui lui importait à elle. Et souterrainement, la seule chose qui comptait s’effritait d’elle-même, elle aveugle et impuissante, réduite à la simple place de spectatrice. Mais elle se ferait actrice. Dans un souffle, elle deviendrait âme et coeur de l’organisme vivant qu’ils étaient. Elle réinvestirait le corps meurtri de leur nom. Et cela commençait en revenant hanter le centre névralgique. Dierinung. La citadelle aux multiples facettes où le vent glacial souffle toujours à tue-tête en cascade violente. L’Imprenable qui avait tant d’emprise sur eux. Et elle n’y allait pas pour y être protégée. Elle était là pour en détruire les barrières. Pour en réveiller les passages sombres jusqu’à faire frémir les fantômes. Un à un les placards poisseux seraient transpercés. Elle voulait connaître les secrets qu’elle entrevoyait péniblement. Qui s’effaçaient avec complaisance sous son regard. Il faudrait aller faire ses doléances au père, lui dire à lui de réaffirmer son nom. Mais ce n’était plus à lui qu’appartenait l’avenir. A elle. Elle fait de cette famille son seul devenir. Elle marche dans les couloirs, l’héritère, le front levé, le pas sûr. Elle ne les laissera pas s’enfuir. Elle les accule dans leur propre terrier. La chambre du plus jeune, dans laquelle elle n’a plus pénétré depuis bien longtemps. Depuis plusieurs années. Quand il est devenu grand. Mais quand elle entre dans la pièce, quand elle le voit, assis, le dos courbé sur la feuille qu’il noircit, elle voit encore l’enfant. Elle voit toujours l’enfant, ouvrant dans son coeur des flots de tendresse. Le seul sentiment maternel qu’elle voudra jamais connaître. Elle ne veut pas d’enfant, elle veut rester auprès d’Erwin pour toujours, le couvant mieux que sa propre mère, parce qu’avec plus d’esprit et moins de coeur, mais le même amour. « C’est une lettre d’amour que tu écris-là ? » Il y a le ton gentiment moqueur qu’elle réserve à ses frères, cette douce ironie née de la tendresse des années à les observer devenir grands, tout en s’amusant de leur gaucherie. « Je peux la lire si tu veux, pour te dire si elle la fera fondre. » |
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