Menace fantôme échappant des radars, une armée n’inquiétant point les généraux. Sentence irrévocable de l’ignorance dont les maîtres s’étaient nourris pendant des mois. Des villes prises comme appâts pour un coup bien plus grand. Capitale d’un empire en cendres, fief d’une dynastie impériale sombrant dans les flammes pour ne plus revoir cette glorieuse architecture que dans les réminiscences des survivants. Encore une fois le sang avait fait sa sélection, échelle sociale cruelle envers le peuple trimant pour s’offrir les besoins de base. Fureur sans nom animant cette reine provenant des ruelles crasseuses de la capitale, colère prenant comme catalyseur ses hormones. Hurlements de rage s’échappant des appartements du couple royal, reine désirant la tête du haut sacerdo sur un plateau d’argent. Ce fou laissant son peuple mourrir sous la violence des barbares, ce religieux sénile laissant sa petite-soeur à la merci des révolutionnaires. De quel droit s’attribuait-il les décisions importantes du royaume ?Pourquoi son époux semblait si incapable de se séparer de cette religion obsolète, religion prenant trop d’ampleur dans les affaires d’État. Cal en avait fait les frais personnellement, roi perdant son héritière pour un virus que personne n’avait pu prédire. On ne peut rien faire pour l’instant. Deuil éteignant toute vie chez le seul survivant de cette gémellité. Isaure. Isalis. Les mutants de Launondie. Si peu de survivants, tant de morts touchant chaque personne du royaume. Familles brisées en même leur sein pour ne laisser qu’une poignée d’espoir en une revanche tant désirée. Bloquée. Telle une vulgaire prisonnière en ces lieux, corbeau enchaîné dans sa cage dorée, union sacrée lui privant d’une liberté d’action importante, elle n’était plus que ce pion politique pour apaiser le peuple. Elle n’était plus que la preuve qu’une bronze pouvait obtenir l’ultime sacrement de l’échelle sociale. Alaia s’en était contentée pendant un moment avec que les regrets l’affublent. Héritage entier perdu pour un mariage. Reine de Flamaerin, tonalité différente depuis la prise de Launondie, tonalité effarante depuis la découverte de sa grossesse. Si rapide. Si peu désirée, corbeau ne souhaitant peu découvrir ces fameuses joies de la maternité. Nouvelle teintée depuis le début de funestes annonces. Était-elle paranoïaque de penser que le futur enfant à venir était un garçon ? Légende prenant racines dans l’histoire de son clan, une famille matriarcale où les garçons ont tendance à trouver les créateurs de ce monde assez tôt. Faucheuse s’en prenant également à la dynastie Oshun. Pourquoi se réjouir de cette nouvelle alors que le terme n’était point assuré ? Époux ne prenant peu de risque tandis que l’enfermée voyait son ventre grossir bien trop rapidement par rapport aux dires des médecins. Sourcils se fronçant devant sa silhouette, incapable d’assumer les changements de son corps, un époux désirant plus d’enfants pour assurer l’avenir, des mères souhaitant des nouvelles filles khodja pour remplir les rangs. Estomac révulsé de penser à revenir à cet état. Couturière incapable de satisfaire ses demandes d’antan, silhouette métamorphosée par la grossesse, une adaptation point assumée encore. Le silence était roi malgré ses supplices, incapable d’affliger cela à Cal alors qu’il était encore immergé dans le deuil de sa soeur. Pouvait-elle lui dire qu’elle détestait se retrouver dans cet état ? Qu’elle n’était pas sûre de pouvoir continuer jusqu’à la fin de l’année ? Firekiko l’imposante dans sa pierre sublime et pourtant l’idée de son quartier natal prenant feu l’effarait. Nouvelle reine souhaitant plus d’action pour contrer les actions de ces barbares, désir de les voir agoniser pour avoir eu l’idée de prendre leur ville. Vermines de la pire espèce s’emparant des ténèbres de la nuit pour passer à l’action. Pas feutrés dans la demeure de leurs proches alliés, le corbeau s’envole pour se planter à la première branche. Phalanges cognant contre la solide porte, bruit sourd s’assurant que le destinataire puisse accéder à sa requête et ouvrir cette barrière les séparant. — Maven. Prince subissant également la perte de son aîné, Cal s’accrochait à cette parcelle de vie grandissant dans son ventre mais la Khodja s’inquiétait pour le benjamin de cette dynastie.

Il était enfermé dans cette pièce, depuis son arrivée à Firekiko. Ne recevant personne. N’adressant la parole à personne. Se contentant d’un grognement de pseudo-remerciement lorsque l’on venait lui apporter ses repas. Il se refermait sur lui-même, le belliqueux prince Oshun. Se fourvoyait dans ses démons, se noyait sous ses propres ténèbres. Maven perdait la tête, assurément. Parce qu’il ne savait pas quoi faire d’autre, en réalité. La mort d’Isalis et de Naos. La destruction de sa demeure ancestrale. Le massacre de tous ces gens qu’il ne portait certes pas dans son cœur mais qui avaient toujours fait parti de son entourage proche. La fuite apeurée alors que tout ce qu’il désirait était de se battre, quitte à y laisser la vie. Et puis, par-dessus tout, il y avait la disparition de la reine de ses jours, lune de ses nuits. La grande prêtresse de son existence. Celle qui était l’univers, l’ancre et l’oxygène. Il se perdait, sans Isaure. N’avait plus goût à rien. Et certainement pas à la vie. Parfois roulé en boule sur son lit ou bien prostré dans un coin de ses appartements, le terrible se laissait aller à ses penchants les plus sombres. Ressassant, encore et toujours, ces événements tragiques qu’il n’avait pu stopper. Lui, créé et élevé pour être une véritable arme de Mort, avait dû s’en aller. En laissant derrière lui des ennemis bien vivants. Et des dépouilles chères à ses yeux. C’était une honte. Et dès qu’il serait de nouveau capable de se tenir sur ses pieds, il retournerait à Launondie. Pour commettre le plus gros carnage sanguinolant de ce millénaire. Il songeait encore à cela, l’impétueux, lorsqu’une personne venant toquer à sa porte vint le tirer de ses pensées. « Maven. » Il fronça les sourcils, l’enfant du feu. Devenu paranoïaque à l’extrême. Imaginant des ennemis partout, derrière chaque mur, sous chaque bruit étrange. Plus en sécurité nulle part, à aucun moment, maintenant que la lumière de son existence s’était éteinte. Prudemment, il dégaina le poignard qui ne le quittait jamais et s’avança en direction de la porte, qu’il n’ouvrit qu’à demie. Vérifiant que c’était bien Alaia qui se tenait de l’autre côté du seuil. Qu’elle était seule et non sous la menace d’extrémistes luttant pour une vaine égalité que jamais ils ne pourraient obtenir. « Qu’est-ce qui s’passe ? » Feulement rauque plus que parole aux consonnances véritablement humaines. Il n’était pas réellement proche de celle qui était devenue sa belle-sœur, désormais. Alors, il savait que sa présence ici indiquait que la famille Oshun avait besoin de lui. Du Chien. Du Monstre. De l’Inhumain. Et c’était tout ce qui restait de lui, désormais. Plus aucune envie de recouvrer le contrôle de ses sentiments ou de son âme. Tuer, prendre et détruire. Mantra qui ne cessait de résonner dans son esprit calciné.